Oser l’allemand en maternelle !
C’est le défi que se lance l’école maternelle Helvétie à chaque rentrée scolaire : un parcours d’immersion linguistique réussi !
Apprendre l’allemand dès la maternelle, c’est possible ! Quelle pédagogie mettre en place ? Quelles ressources utiliser ? Quelles difficultés surmonter ? Quelles plus-values pour les apprentissages ?
EMILE pour apprendre l’allemand autrement
À l’école maternelle Helvétie à Besançon, bien rôdée à la coopération éducative avec l’allemagne, des cohortes d’élèves bénéficient depuis plusieurs années d’une sensibilisation à la langue allemande. L’impulsion forte de son directeur, Benoît Sire, l’adhésion totale de l’équipe pédagogique et des familles au réseau franco-allemand des « écoles maternelles bilangues Élysée 2020 » ne sont pas étrangères à la pérennité de l’offre linguistique proposée de la petite à la grande section.
Le réseau franco-allemand « Élysée 2020 » qui compte plus d’une centaine d’écoles maternelles en France, dont deux dans l’académie (dans le Doubs et le Territoire de Belfort), permet de développer un « enseignement de matières par intégration d’une langue étrangère » ou EMILE. « L’objectif étant de multiplier les temps pendant lesquels les élèves sont exposés à la langue vivante étrangère et cela ne peut se faire que si d’autres enseignements se font dans la langue cible », explique Béatrice Renault, conseillère pédagogique départementale auprès des écoles pour l’enseignement des langues vivantes étrangères.
Dans le cadre ainsi posé, l’école accueille chaque année des intervenants germanistes : professeur(e) des écoles itinérant(e), assistant(e) de langues, service civique arrivant par le biais des échanges interculturels de l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Pour chaque rentrée scolaire, Benoît Sire, directeur de l’école, s’active pour trouver les ressources lui permettant de maintenir ce dispositif d’apprentissage de l’allemand et lui donner sens.
L’allemand comme vecteur d’apprentissage
Miriam Schorpp et Veronica Siede, respectivement enseignante et étudiante dans leur pays d’origine, ont intégré l’équipe pédagogique et éducative de l’école à la rentrée. Miriam intervient par ailleurs dans d’autres écoles de la ville : Jules Ferry, Ile-de-France, Helvétie élémentaire. Si Veronica accompagne les classes dans le cadre de son service civique, Miriam fait classe. À des rythmes divers (tous les matins en maternelle et les après-midi en élémentaire), avec des groupes variés (classe entière ou petits groupes), à raison de 24 heures par semaine.
La fête des lumières, fête traditionnelle outre Rhin, sert de fil directeur aux apprentissages en cette fin de premier trimestre, avec la double dimension pédagogique et culturelle. Le projet de fabrication de lampions – die Laternen – à la veille des fêtes de fin d’année s’ajoute aux nombreuses activités ritualisées, adaptées à chaque classe et toujours liées au langage, telles que la lecture d’albums, la pratique de jeux collectifs, les séances de motricité, de chants, d’arts visuels … Dans la langue de Goethe évidemment ! Y compris lors des temps d’accueil, de transition, de passation des consignes. « Dans le contexte actuel, avec toutes les contraintes imposées par le protocole sanitaire, c’est plus compliqué pour une bonne expression et sonorité de la langue », nous confie Miriam Schorpp qui poursuit : « dans tous les cas, je privilégie la communication et l’interaction avec et entre les élèves ».
Tel est le principe de la classe ou de l’école bilingue : l’apport linguistique se fait par imprégnation au travers de toutes les situations quotidiennes, dans laquelle la langue allemande sert de vecteur d’apprentissage, d’acquisitions de connaissances et de compétences. « On est en permanence dans les apprentissages », martèle le directeur, Benoît Sire.
La plus-value n’est plus à démontrer : promotion du plurilinguisme, de la diversité culturelle :
plus-value pour l’élève en termes de compétences langagières et transversales telles que l’écoute, la concentration, la mémorisation, la découverte de l’altérité, d’ouverture culturelle,
plus-value pour l’équipe pédagogique avec la découverte du système éducatif allemand, la confrontation des pratiques tout en élargissant ses compétences linguistiques.
« L’éveil à la diversité linguistique constitue la première étape d’un parcours d’apprentissage des langues vivantes étrangères qui se poursuivra au cours préparatoire et tout au long de la scolarité. » MENJS
Le mot du directeur
« Le projet Élysée 2020 à la maternelle Helvétie, c’est cinq années d’une collaboration pédagogique franco-allemande bénéfique à plusieurs titres. Donner le maximum c’est le minimum et finalement les enfants vous le rendent bien. Rallier les écoles françaises bilingues, n’est pas le point de départ. Tout d’abord, c’est d’être tourné vers le monde extérieur, être ouvert aux projets et aux rencontres, à l’autre et à sa culture, à sa langue, à son histoire… que la voie de la sensibilisation à une langue étrangère s’offre à vous et à vos élèves de maternelle. Les prises de contacts s’enchaînent, des rapprochements avec les structures et les personnes liées à l’international se multiplient. Ce projet qui finit par se concrétiser avec l’arrivée d’une assistante allemande, compte quelques années plus tard de nouvelles collaborations comme celles d’une collègue enseignante en échange de poste et d’un service civique allemand. »
Du côté des élèves… cette anecdote : une enfant de petite section, originaire d’un pays africain anglophone décide d’adresser ses premiers mots, en anglais, aux collègues allemandes. La sensibilisation à une langue étrangère scolaire serait-elle un pass pour le français, le moyen, bien qu’indirect, de s’adresser à l’enseignant(e), représentant(e) de la langue et de la culture cibles ?
Du côté des enseignants, des agent territoriaux spécialisés des écoles maternelles, du périscolaire et même des parents, on se surprend à reprendre une expression, une chanson et à s’intéresser au système scolaire germanique, mal connu finalement.
Du côté du directeur, le résultat de ce dispositif est dans le mot même : « positif, au point de le reconduire et de l’enrichir chaque année même si cela suppose un certain investissement personnel. Il aura fallu trouver des familles d’accueil pour Veronica, assurer ses prises de repas sur le temps de midi, l’accompagner dans ses démarches administratives, bancaires, médicales, etc. Des efforts et un engagement pour un projet qui n’a pas de prix. » Benoît Sire se propose en tant que ressource pour qui voudrait se lancer dans une telle aventure.